2019
[FR]
Direction artistique et réalisation d'une maquette commune pour la collection des mémoires de la promotion 2019 des DSAA de l'Ensaama. Ce travail a été réalisé par l'ensemble de la classe de DSAA Design Graphique avec l'aide de Yorel Cayla. Prises de vue : Théo Gehin et Théo Scheid.
[EN]
Layout and Art Direction for the 2019 Thesis collection of Ensaama. Research and graphic design were made by the MA Graphic Design students, with the help of Yorel Cayla. Photo shooting : Théo Gehin and Théo Scheid.
2020
W/
Baptiste Chomiol
Louis Demougeot
Romain Flauder
[FR]
Mémoire de recherche sur l’image du territoire, avec quatre études de cas particulières. Pdf complet disponible sur demande.
[EN]
Thesis on the image of territory, with four specific case studies. Full pdf available on demand.
[Introduction FR]
Le territoire nous rappelle notre condition animale, et semble limiter notre ambition et contrarier notre liberté. Dans l’étude des comportements animaux, d’ailleurs, il évoque l’espace nécessaire et vital, limité par des frontières, qui déterminent le familier et l’étranger. D’une Histoire sanglante et belligérante, on a fait l’expérience du territoire comme encourageant aux luttes, aux conflits d’appropriation et de domination. Là où notre époque engage mobilité et ouverture, il suggère repli et conservatisme. Dans ces conditions, comment légitimer le projet de territorialisation aujourd’hui ?
Peut-être, justement, est-ce parce que les dernières pages de notre Histoire nous en ont tant éloigné que le territoire se réintroduit, avec souffrance, dans nos politiques. Les phénomènes de globalisation économique, idéologique et culturelle ont engendré un processus de dé-territorialisation, et mettent désormais au défi les notions de frontières, d’espace personnel, et même d’identité. Les limites physiques et narratives de notre existence sont mises à mal. Toutes les barrières, qu’elles soient forgées par les activités humaines ou juste ancrées dans l’imaginaire collectif, apparaissent de plus en plus obsolètes. Cette déconnexion semble autoriser la redéfinition de nos identités à travers différents projets, comme individus ex-nihilo et hors sol. Ils peinent cependant à trouver leur souffle et à se projeter dans autre chose qu’un court-termisme aveugle, concentré sur le seul épanouissement d’activités dénuées de sens et d’ancrage.
Parce qu’il est un enjeu à la fois personnel et collectif, le territoire est souvent au cœur de l’actualité. Les troubles qui marquent la politique française depuis quelques années montrent qu’il y a un souci de représentativité dans notre système centralisé : on ne se sent plus considérés et on a le sentiment de ne plus avoir de pouvoir sur rien. La colère des “gilets jaunes” est aussi et surtout celle des territoires dévitalisés. Le besoin de se réapproprier notre territoire se fait de plus en plus pressant. La promesse d’Edouard Philippe de mener le Grand Débat National “au niveau des territoires” démontre le besoin de réinjecter du sens localement. En s’emparant du pouvoir de la citoyenneté, on peut donner un nouvel élan au territoire mais aussi repenser les individus et les groupes à travers celui-ci. Il se dessine alors comme la première couche d’un changement nécessaire de notre rapport au monde, qui doit s’opérer à plein de niveaux.
C’est de plus en plus évident : notre mode de vie court-termiste et déterritorialisé n’est pas durable. Pour se retrouver et reprendre confiance en l’avenir, la redéfinition de notre situation s’impose. Des dynamiques, d’abord individuelles, d'ancrage, d'identité et de situation (“du besoin d’être quelque part”), portées par le développement d'une nouvelle forme de citoyenneté (locale), s’attaquent à des problématiques politiques qui concernent pourtant tout le monde. Elles pourraient être la réponse au “plus grand défi de l’Histoire de l’humanité”. Le territoire, repensé comme la concrétisation des activités de ses individus doit aussi constituer une solution à l’urgence climatique.
En valorisant les systèmes d’intenses interactions des territoires, en développant des signes, des symboles et des images entre les individus et les espaces, les producteurs d’images peuvent mettre en valeur la territorialité et inviter à la territorialisation. Mais les représentations sont aussi des vecteurs d’effets néfastes, comme le repli identitaire, le passéisme et le conservatisme. Les images peuvent être dangereuses, et il est de notre responsabilité d’en mesurer les conséquences : le chemin vers la territorialisation est miné d’écueils. Comment, par un réajustement des représentations, réinvestir la territorialité et rendre possible un meilleur ancrage territorial ?
[Introduction EN]
Territory seems to limit our ambition and oppose our freedom. It evokes a vital and familiar space, limited by borders, and brings us back to our animal condition. Through a bloody and belligerent history, people have experienced territory as a pretext to the conflicts of appropriation and domination. Where our era commits mobility and openness, it suggests retreat and conservatism: if something, it appears obsolete. In these conditions, how can we stand by the project of territorialization today?
It may be because recent history has driven us so far away from it, but it is actually, painfully, reintroduced into our policies. The notions of borders, personal space and identity are challenged in a context of globalization at all levels, and our limitless ideals deconstruct the very idea of barrier, taking us further from the land. Our day-to-day projects are solely concentrated on the only development of activities devoid of meaning and anchoring, redefine our civilization as aboveground, and pains to project us into anything else than a blind short-termism.
Both personal and collective, the territory is an issue often at the heart of the news. The recent promise of French Prime Minister Edouard Philippe to lead the Great National Debate "at the scale of territories" shows a need to reinject meaning, at the local level, among a group that feels degraded and idle. A reappropriation of the territory appears as the first layer of a necessary change in our relationship to the world.
It's becoming obvious: our short-termist and deterritorialized way of life is not sustainable. New forms of citizenship are tackling political issues that concern us all. They could be the answer to the "greatest challenge in the history of humanity". The territory, redesigned as the concretization of the activities of its individuals must also constitute a solution to the climate emergency.
By promoting interaction between territories, by developing signs, symbols and images between individuals and spaces, image designers can highlight territoriality and invite to territorialization. But representations also have a heavy responsibility: they can be the vectors of harmful effects, such as identity withdrawal and conservatism. As graphic designers, it is up to us to measure said consequences: the path to territorialization is fraught with pitfalls. How, by a readjustment of representations, to reinvest territoriality and initiate a better territorial anchoring?